Habitat-Cité prend rarement la parole en ce qui concerne les élections, les programmes des candidat·es et les conséquences pour les populations. « Tout est politique » disaient cependant les manifestants de Mai 68. Et il est vrai qu’à chaque fois que notre association a publié un témoignage d’une personne en situation de précarité, à chaque fois que dans nos publications ou nos courts-métrages nous avons fait le constat d’une dégradation croissante des conditions de vie, nous avons adopté de fait une position politique.

Depuis plus de 10 années, nous observons sur le terrain des discours politiques qui criminalisent de plus en plus les pauvres de toutes origines, qui rendent responsables de leur situation les personnes qui ne peuvent trouver un logement décent, qui vivent à la rue, qui sont sans emploi ou dans l’impossibilité de s’extirper d’un emploi précaire ou d’une situation de travail irrégulière. Les gouvernements précédents et actuels ont alimenté ces représentations dans le débat public et dans les médias, favorisant l’émergence d’un discours de plus en plus décomplexé, raciste et anti-pauvres.

Les extrêmes droites opposent dans leur rhétorique pauvres nationaux et pauvres exilés, fustigeant ces derniers de tous les maux qui sévissent dans notre société. Sa stratégie est de monter les premiers contre ces derniers. Les pauvres exilés sont pourtant ceux qui, en bout de chaîne, sont les plus précaires et les plus vulnérables, ceux qui ont le moins recours à l’exercice de leurs droits. S’attaquer à eux ne résoudra pas les conflits sociaux ni ne permettra de répondre aux enjeux économiques et politiques auxquels notre pays se trouve confronté.