[ACTUS]
2023, une année intense !


ACTUS - Décembre 2023

France & Monde

2023, une année intense !

2023 a été une année intense et synonyme de changements pour Habitat-Cité. Retour sur cette année pleine de défis pour l’équipe.

L’année 2023 a été une année pleine de chamboulements aussi bien au sein d’Habitat-Cité que sur le plan législatif et politique en France et dans le monde.

Renouvellement et développement

Au sein d’Habitat-Cité, l’équipe de salariés s’est renouvelé en accueillant 6 nouveaux salariés sur un total de 14 et 2 salariées ont changé de poste en interne. Autant dire qu’avec un effectif renouvelé de moitié, il a fallu apprendre à faire équipe, transmettre, s’adapter mais aussi prendre du recul et jeter un regard neuf sur nos pratiques professionnelles.

Parmi ces nouveaux salariés qui ont rejoint l’équipe, deux sont des créations de poste suite au lancement d’un nouveau projet, une plateforme d’évaluation linguistique sur le territoire d’Est-Ensemble. Ce nouveau projet permet à Habitat-Cité de développer ses compétences en termes d’apprentissage du Français Langue Etrangère et d’être plus ancrée sur un territoire sur lequel elle est présente depuis une vingtaine d’années.

L’association a également mené des missions de prospection en Colombie dans l’objectif de débuter un projet de développement de l’habitat pour les anciens guérilleros qui ont signé un accord de paix avec le gouvernement colombien. Une salariée est en portage salarial et basée en Colombie, d’où elle réalise le suivi des projets de solidarité au Salvador et, bientôt, en Colombie.

Une précarisation accrue des plus vulnérables

Sur le plan politique et législatif, il a également fallu montrer de l’agilité et de la résilience. Entre la nouvelle loi Kasbarian, qui criminalise davantage les personnes vivant en squat alors que c’est un choix par défaut faute de logements et de places d’hébergement, l’expulsion de ménages vivant en hôtel 115 afin d’être prêts à accueillir les Jeux Olympiques d’été, une nouvelle loi sur l’immigration et la reprise des renvois d’étrangers, Habitat-Cité voit se resserrer l’étau autour des personnes qu’elle accompagne. Ces mesures ne font que renforcer la situation de précarité des ménages, avec la constatation d’une augmentation importante des problèmes de santé mentale et d’un fort sentiment de détresse. Les personnes primo-arrivantes vont mettre plus de temps à s’insérer professionnellement et socialement du fait de ces nombreuses barrières et le coût pour l’Etat n’en sera que plus grand. Il est fort regrettable de ne considérer les primo-arrivants que comme un fardeau alors que ces personnes ont également beaucoup à apporter au pays dans lequel elles souhaitent s’installer : résilience, qualités d’adaptation, multi-linguisme et multi-culturalité, compétences professionnelles dans des métiers en tension, etc.

Lueurs d’espoir

Heureusement, il y a des lueurs d’espoir. Alors que la France a renvoyé Monsieur A. en Ouzbékistan, et cela malgré la décision contraire de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et l’attente d’une décision du tribunal administratif quant à une demande de recours, le Conseil d’Etat vient d’invalider le renvoi et enjoint au gouvernement de ramener Monsieur A. car il encourt des risques sérieux de torture dans son pays. Si Monsieur A. n’est toujours pas tiré d’affaires (il a subi des violences en prison en Ouzbékistan), cette décision du Conseil d’Etat est historique et fera jurisprudence à l’avenir. C’est surtout un très beau combat remporté par Habitat-Cité, l’Association droits de l’Homme en Asie centrale et l’avocate Lucie Simon qui accompagnent Monsieur A. depuis plusieurs années.

Dans un autre domaine, le collectif Changer de cap se bat depuis 2 ans pour démontrer que les algorithmes, utilisés par la CAF pour cibler les bénéficiaires qui font l’objet d’un contrôle, sont discriminants. Avec l’association la Quadrature du Net il a été prouvé que les algorithmes attribuent un score de risque aux bénéficiaires des allocations et ciblent en majorité des ménages qui cumulent les vulnérabilités. Le travail du collectif Changer de cap remet au centre du débat parlementaire les questions de transparence, d’information du public dont les données personnelles sont utilisées et de prise en compte des situations individuelles des allocataires. A l’instar d’autres associations, Habitat-Cité se réjouit car elle lutte depuis plusieurs années pour que des familles qui n’ont aucune ressource ne soient pas durement pénalisées, sans tenir compte de leur situation de grande vulnérabilité.

Haïti et Salvador, dans la tourmente

A l’international, la situation n’est pas plus reluisante. Il est toujours dangereux d’effectuer des missions en Haïti et nos partenaires Ojucah et Ateco résistent tant bien que mal dans un pays où l’Etat est absent : les professeurs ne sont plus payés, les maires et autres élus ont terminé leur mandat mais aucune élection n’est pour le moment prévue. Les familles des communautés de La Vallée de Jacmel et Bainet font face à une inflation galopante et éprouvent les plus grandes difficultés à trouver des moyens de subsistance. Le prix des matériaux de construction a plus que doublé mais l’association s’engage à terminer le même nombre de maisons qu’initialement prévu.

Au Salvador, la démocratie se réduit comme peau de chagrin. Le nombre de sièges au parlement a été réduit et une loi a voté le regroupement de plusieurs villes et villages au sein de communautés de communes. Ces lois permettent au président du Salvador, Nayib Bukele, de s’assurer une majorité au parlement et au sein des collectivités locales. L’enjeu pour Habitat-Cité et ses partenaires est de poursuivre leurs missions d’amélioration de l’habitat au service des habitant.es les plus précaires malgré des contextes nationaux fragiles.

Le principe de non-discrimination en question

En France, l’Agence Française de Développement (AFD) a tenté de conditionner le financement des Organisations de la société civile (OSC) à la mise en place d’un dispositif de criblage des bénéficiaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. Sous la houlette de Coordination Sud, les OSC se sont levées contre cette initiative contraire au principe de non-discrimination de l’attribution de l’aide aux populations. Les bénéficiaires des actions de solidarité ne doivent être sélectionnés qu’en raison de leur situation de dénuement. Grâce à l’action de Coordination Sud, le 10 février 2023, le Conseil d’Etat a annulé les lignes directrices de l’AFD au motif que l’obligation de criblage n’existe pas dans le droit et ne peut être imposée aux OSC. Cependant, Coordination Sud et les OSC se doivent de rester vigilantes alors que dans le cadre du renouvellement des financements de l’AFD, l’obligation de cribler les partenaires et les prestataires des projets de solidarité va être imposée.

Assurer la pérennité de nos actions

Dans ce contexte politique et législatif préoccupant, Habitat-Cité tente de pérenniser ses actions en consolidant sa situation financière et cela passe aussi bien par le fait de nouer des relations durables avec les financeurs qui la soutiennent depuis longtemps comme de développer les dons qu’elle reçoit de la générosité du public. Ces dons sont essentiels car ils contribuent à la réalisation d’actions entreprises à la seule initiative de l’association sans que celle-ci obéisse à des contraintes imposées par les financeurs. Ils renforcent également les fonds propres de l’association, ce qui lui permet d’investir dans un nouveau projet ou de contribuer au développement de l’association (financement des locaux, agrandissement de l’équipe, développement de sa stratégie de communication, etc.). Cette année, après une année consacrée à Haïti et une autre aux activités globales de l’association, nous avons lancé une campagne de dons pour cofinancer les formations de français à visée professionnelle.

De façon plus générale, nous vous remercions de nous lire, de nous soutenir en répondant présent à nos invitations, en réalisant des missions de bénévolat ou en faisant un don, de parler d’Habitat-Cité autour de vous. Sans votre confiance, notre travail en serait beaucoup plus compliqué. Nous espérons vous voir toujours à nos côtés en 2024 et que la nouvelle année sera constituée de bonnes nouvelles et de belles victoires.

L’équipe d’Habitat-Cité

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