[ACTUS]
Habitat-Cité et le contexte international : crise au Salvador


ACTUALITÉS - Mai 2022

Haïti

Habitat-Cité et le contexte international : crise au Salvador

Une période particulièrement difficile

Les Salvadoriennes et Salvadoriens continuent de traverser une période difficile, due à la combinaison de multiples facteurs tels que la stricte mise en quarantaine de 2020 (lutte contre la Covid-19) et l’aggravation des niveaux de pauvreté, la perte des moyens de subsistance et l’adoption par le gouvernement de mesures qui limitent la participation des citoyennes et des citoyens. Selon diverses sources internationales, 80% des ménages du pays n’ont pas accès à un logement (données d’Habitat for Humanity International), 70% de la population n’a pas accès à l’eau potable, 90% des masses d’eau de surface sont polluées et donc impropres à la consommation. Ces problèmes touchent principalement les familles pauvres, dont le revenu mensuel a été considérablement réduit, familles pour lesquelles la migration vers le nord du continent américain constitue souvent l’unique perspective.

Les missions réalisées en juillet 2021 et février 2022 ont permis à Habitat-Cité de mieux comprendre le contexte actuel au Salvador.

Vers une grave crise politique ?

Au niveau démocratique, les organisations internationales mettent en garde contre une tendance à la centralisation et à la concentration des pouvoirs – législatif, exécutif et judiciaire – tant au niveau national que local. Les décisions de politique publique qui affectent directement les familles les plus pauvres sont prises en l’absence de représentation de la société civile. Les voix qui ont osé s’exprimer sont de plus en plus rares, les opposants se font prudents dans un contexte où médias et journalistes indépendants subissent des attaques.

Le discours officiel encourage la population à oublier certains épisodes de l’histoire du pays. La guerre civile dans les années 1980 a été suivie d’un processus de paix et d’espoir. Or, l’augmentation du nombre de personnes dans les forces armées, présentée aujourd’hui comme un moyen de fournir des emplois et de lutter contre la violence, est un exemple de cette régression et de ce déni de l’histoire nationale.

Face à la violence des gangs

Le Salvador reste un pays durement touché par la violence des gangs. Au cours de l’année 2020, 200 personnes ont disparu au Salvador (cas non résolus). En 2021, les chiffres atteignent 488 cas de personnes disparues. La même année, 1 130 homicides ont été enregistrés, soit 3 homicides par jour. Les causes profondes de ce phénomène social sont toujours présentes, la principale étant le manque d’opportunités pour les jeunes, tant pour étudier que pour travailler. Tant que ces causes structurelles resteront inchangées, il sera difficile de trouver une solution durable et définitive à cette forme de violence qui frappe les quartiers et les communautés les plus pauvres du pays.

De nombreux médias internationaux et nationaux ont décrit comment, après un week-end marqué par 87 meurtres perpétrés par les gangs, l’état d’urgence a été déclaré le 27 mars 2022. En mai 2022, quelques 30 000 hommes et femmes, pour la plupart très pauvres et considérés comme appartenant à des gangs, ont été officiellement capturés dans le cadre d’un état d’urgence qui rend difficile le respect des procédures judiciaires. Les centres d’enseignement supérieur, tels que les universités, demandent que des réparations soient accordées aux victimes d’abus de pouvoir, afin d’instaurer une justice réparatrice, par la connaissance publique de la vérité et l’application transparente de la loi.

Par ailleurs,  la « loi sur les agents étrangers » est une initiative inquiétante qui pourrait contribuer à réduire plus encore les voix de la société civile. Présentée en 2021, elle a été rejetée par la communauté internationale, en particulier des pays membres de l’Union Européenne. Ce projet de loi interdit le plaidoyer contre les politiques publiques, prévoit de punir ceux qui ne s’y conforment pas d’une lourde peine de prison et de prélever une taxe de 40 % sur les fonds des projets ou programmes financés par des « agences de solidarité internationale ». L’objectif déclaré de la loi est d’interdire toute ingérence étrangère et de garantir la souveraineté nationale du pays. Mais le projet de loi n’a pas encore pu voir le jour, principalement en raison de la réaction de la diplomatie internationale.

Avec des habitant.es solidaires

Malgré ce contexte, les programmes de développement communautaire menés par Habitat-Cité et ses partenaires continuent de porter leurs fruits dans différentes localités, car la population, active et engagée, participe à l’avènement de grandes transformations collectives.

L’approche développée au travers de ces projets est fondée sur des pratiques de plein exercice du développement humain et du droit à l’habitat, de l’accès au logement, à l’eau et à la souveraineté alimentaire. Les familles salvadoriennes les plus pauvres ont trouvé dans ces projets des solutions durables qui leur permettent d’améliorer leur économie, d’augmenter leur productivité, d’acquérir de nouvelles compétences, de créer des réseaux avec de nombreux autres acteurs locaux, de former des alliances entre femmes entrepreneures et de construire un meilleur avenir pour leurs familles.

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