[TÉMOIGNAGE]
Kristina, bénévole : « Défendre les demandeurs d’asile »


TÉMOIGNAGE

Kristina, bénévole : "Défendre les demandeurs d'asile"

Secteur - Ile de France
Thématique - Accès aux droits

Kristina a commencé à fréquenter la permanence d’accès aux droits d’Habitat-Cité au début de l’année 2018 dans le cadre d’un travail de groupe pour son master 1 en droits de l’homme. Le rapport rédigé, Kristina revient tous les mercredis en tant que bénévole cette fois-ci, désireuse de poursuivre son implication auprès des demandeurs d’asile russophones.


« Il y a une grande différence entre le droit qu’on étudie et le droit tel qu’il s’applique »

C’est par l’entremise de Sciences-Po Paris que Kristina est entrée en contact avec Habitat-Cité. Elle fait partie de la Clinique juridique de Sciences-Po qui propose aux étudiants de se pencher sur des questions juridiques liées aux migrations. Habitat-Cité a accepté d’accueillir 3 étudiants lors de la permanence d’accès aux droits des mercredis qui a lieu à Pantin. « On fait de la recherche sur les Tchétchènes dublinés[1] en Pologne et Habitat-Cité est notre partenaire. Mes collègues ont déjà fini la permanence, ils travaillent sur le rapport, mais moi j’ai bien aimé et j’ai décidé de continuer. » Puisqu’elle est la seule du groupe d’étudiants qui parle russe, son apport au projet est particulier. « C’est aussi pour le Russe que je m’implique ici, parce que j’oublie beaucoup. C’est l’occasion pour moi de pratiquer ! ». Le russe n’est cependant pas sa langue maternelle, le français non plus d’ailleurs, puisqu’elle est arrivée de Slovaquie aux débuts de ses études universitaires.

Kristina est l'une des bénévoles d'Habitat-Cité qui accueillent les demandeurs d'asile lors de la permanence hebdomadaire

Le rapport rédigé par Kristina et ses collègues revêt une grande importance pour l’association, comme pour les avocats qui défendent les demandeurs d’asile. Il permettra de mettre à jour les raisons pour lesquelles les citoyens tchétchènes préfèrent demander l’asile en France qu’en Pologne et le climat d’insécurité qui règne pour la communauté tchétchène dans ce pays frontalier de la Russie. « C’est un sujet très intéressant mais nous pensions ne pas y arriver car beaucoup de demandeurs d’asile ont peur de témoigner. » Néanmoins, la qualité du rapport a été salué par les professeurs et tuteurs. « Nous nous sommes rendus compte qu’il y a une très grande différence entre le droit tel qu’on l’apprend à l’université et le droit tel qu’il s’applique au quotidien. C’est parfois assez déroutant. »

"Beaucoup de demandeurs d’asile ont peur de témoigner." (Illustration : Cécile Daniel)

« Être en contact avec les demandeurs d’asile pour comprendre leurs contraintes »

Mais la permanence c’est surtout beaucoup de démarches administratives et des problèmes de la vie quotidienne à démêler. Progressivement, Kristina a été formée, d’abord en servant d’interprète et en observant les autres bénévoles, puis, petit à petit, en remplissant des formulaires. Renouvellement de la Couverture Médicale Universelle, demande d’aide financière, rédaction du récit d’asile – document central de la demande d’asile -, tout cela demande d’être très polyvalent. Heureusement, il existe un guide réalisé par Habitat-Cité qui explique pas à pas l’ensemble des démarches administratives. « Et puis surtout, les autres bénévoles sont toujours là pour conseiller et aider. » Un noyau dur de 4 bénévoles se retrouve chaque semaine autour des salariés pour accueillir entre 20 à 30 personnes par permanence. De quoi ne pas se sentir isolé.

Si on demande à Kristina ce qui l’a le plus impressionné à la permanence d’accès aux droits, elle cite notamment les bizarreries de l’administration. « Par exemple, parfois il faut envoyer la demande d’asile avec les passeports originaux par la poste. Je trouve ça assez bizarre. Si ça se perd… Chaque fois j’ai super peur, quand je vais à la poste, que le courrier soit perdu avec les passeports. C’est quand même le seul papier qu’ils ont ! Je pense qu’il faut être en contact avec les demandeurs d’asile pour comprendre les contraintes qu’ils vivent au quotidien. »

« Je préfère travailler sur le terrain au contact du public »

Cette expérience de bénévolat a été l’occasion pour Kristina de savoir ce qu’elle souhaitait faire après ses études. « Je ne savais pas par vers quoi me diriger dans le futur et je pensais plutôt travailler dans les organisations internationales du type ONU (Organisation des Nations Unies) ou OIM (Organisation Internationale pour les Migrations). Au final je me suis rendu compte que ce n’est pas pour moi, que je préfère rester dans une ONG et travailler sur le terrain, au contact du public. » Un contact humain qui donne tout son sens à son engagement.

Cependant les études ne sont pas encore finies puisqu’il lui reste encore une année de Master 2 à réaliser. En attendant, Kristina retourne chez elle en Slovaquie pour des vacances bien méritées. L’équipe d’Habitat-Cité ne la reverra pas avant janvier 2020, puisqu’elle va réaliser son stage de premier semestre de Master 2 au Kirghizstan. « J’avais déjà réalisé un semestre d’étude au Kirghizstan et ce pays m’avait beaucoup plu. J’ai demandé à un de mes professeurs là-bas s’il pouvait me trouver un stage dans une association qui travaille avec des migrants. Il s’agit de Kirghizes qui partent régulièrement travailler en Russie. Je pense que mon expérience à Habitat-Cité me sera utile. » C’est néanmoins avec un grand sourire que Kristina dit au revoir à l’équipe d’Habitat-Cité ; elle sait qu’elle les retrouvera d’ici quelques mois dans un bureau de la permanence d’accès aux droits.

A la permanence d'accueil d'Habitat-Cité (Illustration Vanessa Dubuisson)


[1] « Dubliné » est un statut administratif qui s’applique à un demandeur d’asile lorsqu’il est arrivé dans un pays européen (par exemple la Pologne) et qu’il demande l’asile dans un autre pays européen (par exemple la France). Le demandeur d’asile peut à tout moment être expulsé vers le pays européen par lequel il est arrivé en premier, et cela malgré les risques qu’il peut encourir dans ce pays ou le risque plus important que l’asile ne lui soit pas accordé.

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