09 Juil [TEMOIGNAGE]Zakari, originaire d’Afghanistan
TÉMOIGNAGE
Témoignage de Zakari, originaire d'Afghanistan
Secteur - FranceThématique - Insertion
Zakari : « J’ai la nostalgie des sorties avec Habitat-Cité. »
Habitat-Cité organise des formations intensives à destination de personnes en recherche d’emploi rencontrant des difficultés linguistiques. L’objectif est de les aider à maîtriser un niveau minimal de français pour acquérir des techniques et des outils pour optimiser leur recherche d’emploi et trouver un travail rapidement. Zakari, originaire d’Afghanistan, a suivi six mois de cours intensifs en 2020. Il témoigne de son parcours en France.
« Je travaillais dans la pharmacie familiale »
Je suis originaire de la région de Kundunz, dans le Nord de l’Afghanistan. J’habitais à Kaboul où je travaillais dans la pharmacie familiale jusqu’à ce que je quitte mon pays, en juillet 2016. J’ai 32 ans aujourd’hui.
Au départ, je voulais partir en Grande Bretagne parce que je parle anglais et qu’il y a une forte communauté afghane. Mais avec le Brexit, c’est devenu compliqué. J’ai demandé l’asile quand je suis arrivé à Paris. Après trois mois passés dans la rue, j’ai été logé près de Grenoble, dans l’attente d’une réponse positive. J’y suis resté jusqu’en 2020. J’ai finalement obtenu le statut de réfugié et je suis revenu à Paris — plus exactement à Meaux, en banlieue. J’aime beaucoup Paris. L’animation d’une grande ville me convient mieux que La Verpillère, là où je vivais près de Grenoble, où je me sentais très isolé.
Mon projet était de travailler comme préparateur en pharmacie. Il existe une formation de 2 ans que je voulais faire. Mais mon niveau de français était trop faible pour ça. Grâce à l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration), j’ai pu prendre des cours. J’ai continué ensuite avec les cours intensifs d’Habitat-Cité. C’était en septembre 2020, en pleine période covid. Les cours étaient restreints à 10 personnes et le nombre d’heures divisé par deux. Malgré le contexte, j’aimais beaucoup, ça se passait très bien. J’ai suivi les 130 heures de cours jusqu’à obtenir le niveau B1.
« Gagarine »
Ce qui m’a le plus plu, ce sont les sorties culturelles. Théâtre, cinéma, j’étais toujours partant ! Je me souviens bien d’une pièce très intéressante sur l’homosexualité, avec un Égyptien timide et une dame française que je comprenais bien. J’ai été marqué aussi par la visite des Jardins d’Aubervilliers en lutte contre un projet de solarium pour les Jeux Olympiques. J’ai même été manifester avec eux. Une partie a été rasée mais ils ont gagné leur procès, le solarium n’a pas pu se construire. J’ai aussi beaucoup apprécié le film « Gagarine », l’histoire d’un jeune Algérien amoureux d’une Roumaine qui habite un campement. Lui habite la Cité Gagarine qui va être détruite et s’invente qu’il est cosmonaute. Un beau film !
« Une aide pour chercher du travail »
Avec les cours de français d’Habitat-Cité, il y avait aussi une aide pour chercher du travail, faire un CV, se préparer aux entretiens d’embauche. Mais je n’y ai pas participé. Peu de temps après la fin des cours, j’ai suivi une formation d’électricien grâce à Pole Emploi et j’ai obtenu le CAP. Mais je n’ai jamais travaillé en tant qu’électricien, parce que j’ai trouvé du travail à la Régie de Meaux comme gardien pendant 9 mois. Puis je suis passé en travail de nuit. Et là, j’ai à nouveau eu des problèmes psychologiques. J’étais en arrêt de travail pour des problèmes d’anxiété et de concentration. J’ai travaillé ensuite chez Disney où je faisais ouvreur et je m’occupais de récupérer les lunettes 3D. Je parlais anglais et français, le salaire était correct mais mes collègues abusaient de ma gentillesse, je me retrouvais toujours avec les boulots les plus pénibles. Mes problèmes psychologiques ont perduré, aussi j’ai demandé une reconnaissance en tant que travailleur handicapé (RQTH) il y a 9 mois.
« Mon rêve est toujours de travailler comme pharmacien »
Mais c’est quand je travaille que je me sens mieux, je dors bien. Je cherche dans l’électricité, ou n’importe quoi d’autre, même si mon rêve est toujours de travailler comme pharmacien. J’habite aujourd’hui dans un foyer Adoma que je paie 420 € par mois. C’est mieux que la rue que j’ai connu à mon arrivée ou même les hôtels du 115 mais je souhaite déménager. Il y a des problèmes de trafics de drogue et des tensions. Je me suis déjà fait voler et agresser. L’ambiance n’est pas bonne. J’y suis considéré comme « naïf et vulnérable ». Personne ne me parle.
J’ai la nostalgie des sorties avec Habitat-Cité. Pour les étrangers, les cours d’Habitat-Cité sont utiles pour apprendre le français et organiser des activités culturelles. J’aimerais aussi obtenir la nationalité française : l’État protège mieux ses citoyens…