[TÉMOIGNAGE]
Raluca : une insertion qui fait des étincelles !


TÉMOIGNAGE

Raluca : une insertion qui fait des étincelles !

Ville -
Secteur - France
Thématique -Insertion

Sous son apparence timide, Raluca est une jeune femme pétillante et déterminée. Après avoir vécu du recyclage de vêtements récupérés dans les poubelles, elle a trouvé sa vocation, la ferronnerie d’art. Grâce à un chantier d’insertion professionnelle mené par Initiatives Solidaires, elle apprend ce métier qui la passionne et se découvre des compétences qu’elle ne soupçonnait pas. Pour elle comme pour beaucoup de personnes vivant dans la précarité, l’insertion par l’activité économique est un formidable tremplin vers l’autonomie et la réalisation personnelle.

Le sens de l’orientation

«Je suis arrivée en France, il y a 10 ans. J’avais 17 ans. Au début, je faisais les poubelles», nous raconte Raluca de sa voix douce et joyeuse. «Je récupérais des vêtements, les remettais à neuf et après je les vendais sur les marchés».


«C’est Mihaela (NdR : chargée de mission à Habitat-Cité) qui m’a orientée vers Initiatives Solidaires. Ils m’ont fait découvrir leurs activités, l’hôtellerie et la restauration d’abord, puis la menuiserie et la ferronnerie. En visitant les ateliers, je me suis dit, «c’est ça que je veux faire !» Je n’avais jamais fait ça avant, mais dès le lendemain de mon entretien avec eux, j’ai signé le contrat !» «Raluca a eu un flash », confirme Sandrine, coordinatrice insertion à Initiatives Solidaires. « On est contents de l’accueillir; les femmes sont souvent trop frileuses… Même les prescripteurs hésitent à orienter les femmes vers ce type de métier. La parité n’est pas gagnée.»

Au diable les préjugés !

«Dans mon entourage, on me disait «C’est un travail pour les hommes» … Mais mon principe, c’est que si tu as envie, tu fais. Et moi ça me plaît, travail d’homme ou pas !» Les quolibets, Raluca les balaie d’un rire communicatif. «A mes collègues masculins, je répondais «On va voir qui travaille le mieux !» Et ma mère m’encourage même si, quand je rentre avec de petites brûlures aux mains, ça l’inquiète un peu.» «J’ai appris à couper, plier, rouler des tôles», poursuit Raluca, coiffée de son masque de protection.


A son aise dans cet univers de création, de bruits stridents et de gerbes d’étincelles, «Raluca développe de très bonnes compétences». Elle est douée, motivée et habile. «Un beau recrutement !» conclue Sandrine. Pourtant, au départ, elle avait peur de tout : de mal faire, de se faire disputer par l’encadrant technique. «Son angoisse, c’était qu’on la mette à la porte! C’est touchant de la voir aujourd’hui.»


«Monsieur Eric», c’est le «chef du métal», comme l’appelle Raluca. «Il me guide, corrige mes erreurs, mais jusqu’à présent, il me dit toujours que je travaille bien ! C’est lui qui m’a formée, avec monsieur Christian.»

L’art et la matière

Issu du monde de la métallerie d’art, Christian Grisinger est l’un des fondateurs de cet atelier de revalorisation. «Je travaille toutes sortes de matériaux de récupération depuis 45 ans», précise Christian. Là où d’autres ne verraient que tas de ferraille, lui y voit toute la noblesse du métal. «Certaines pièces sont plus vieilles que la Tour Eiffel ! Elles ont leur mémoire. Il faut savoir les mettre en valeur.»


Rien ne se perd, tout se transforme serait la devise de Christian Grisinger. Métal, mais aussi plexiglas, bois, moquettes, revêtements de sol, des tonnes de déchets collectés auprès d’entreprises et sur des chantiers de démolition retrouvent ainsi une seconde vie dans les mains des artisans-artistes d’Initiatives Solidaires. Pour le plus grand bien de la planète et le plaisir des amateurs de beaux objets. Christian prend autant de plaisir à concevoir de nouvelles œuvres qu’à transmettre son savoir et son enthousiasme. «Nous pouvons créer des œuvres totalement originales comme des meubles, des sculptures. A côté de pièces haut de gamme, qui coûtent jusqu’à 5000 €, nous développons des lignes plus accessibles. Je crée des prototypes qui peuvent ensuite être déclinés en une vingtaine d’exemplaires, des séries abordables produites par les salariés en insertion. Comme ces lampes vendues autour de 150 € en moyenne. Les lampes, c’est notre produit phare !»

Une formation sur mesure

Avec des gestes précis et délicats, Raluca apporte la dernière touche à sa lampe en métal, comme un fleuriste composant son bouquet. C’est la dixième qu’elle fabrique, au cours de ces deux premiers mois d’apprentissage.


«En ce moment, je fabrique des lampes. Selon mon inspiration ou sur commande. De jolis objets. D’autres jours, on fabrique des chaises ou des tables. C’est bien, c’est pas tous les jours pareil.»


«En Roumanie, j’ai fait le ménage chez une voisine. C’est tout», se souvient Raluca comme d’une époque déjà lointaine. «Mais je suis jeune ! Je ne sais pas lire et écrire, mais je vais commencer des cours de français et d’alphabétisation. Et aussi apprendre l’informatique, la bureautique !» s’enthousiasme la jeune femme.


«On fait tout pour qu’elle soit autonome» explique Sandrine. «On adapte les formations en fonction des besoins et des projets de chacun. Certains ont des diplômes, mais qui ne sont pas reconnus en France. D’autres n’ont jamais été scolarisés.»


En général, les salariés du chantier de revalorisation alternent six mois d’apprentissage du travail du métal, six mois de travail du bois et, en parallèle, suivent les cours dont ils ont besoin. Leur contrat est d’un an mais, exceptionnellement, peut être prolongé d’une année supplémentaire. Car il faut du temps pour optimiser les chances d’accéder par la suite à un emploi pérenne. Du temps et un encadrement particulier.

Sortir de la précarité : un combat face à des problèmes multiples

Les SIAE (Structures d »Insertion par l’Activité Economique) intègrent la formation professionnelle mais également l’accompagnement social de la personne. Sandrine en est convaincue, « c’est un tout. On ne peut pas espérer sortir quelqu’un de la précarité sans la prise en compte globale de ses difficultés. Plus nous sommes efficaces côté social – en coordination avec d’autres associations comme Habitat-Cité ou les assistantes sociales – et mieux on avance sur le côté professionnel. »


« En un an, avec la plupart des personnes, on arrive à résoudre beaucoup de leurs problèmes : l’accès au logement, la maîtrise du français, les démarches sociales. C’est vraiment le minimum pour les aider à résoudre leurs difficultés et, qu’en même temps, ils apprennent le métier. »


Certains partent de très loin. « Jamais scolarisés, sans logement, pour eux, le marché du travail est impitoyable. Surtout pour les plus de 50 ans. » Mais à la fin de leur contrat d’insertion, plus de 70 % des personnes formées par Initiatives Solidaires trouvent un emploi ou une formation professionnelle. Au regard de la situation initiale de la majorité d’entre elles, c’est une réussite remarquable.


C’est pourquoi Habitat-Cité est en lien étroit avec plusieurs SIAE comme Initiatives Solidaires, structures d’insertion dont l’impact social, économique et environnemental est de plus en plus reconnu. Pour beaucoup de personnes que nous accompagnons, c’est une étape essentielle pour sortir durablement de la précarité et de l’exclusion. Et pourquoi pas, comme Raluca, se dessiner un avenir où le travail est aussi une passion inattendue.


Initiatives solidaires Créée en 2013, Initiatives solidaires est une association qui porte des activités d’insertion professionnelle dans l’hôtellerie (16 salariés en insertion), la restauration (12 salariés en insertion), la menuiserie et la ferronnerie. Ce dernier chantier, appelé « atelier de revalorisation », emploie 15 personnes en CDDI (Contrat à Durée Déterminée d’Insertion). C’est celui que Raluca a choisi. Pour découvrir le travail des artisans-artistes : portes ouvertes une fois par mois. www.initiativessolidaires.comwww.grisingerandco.com

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